Comprendre le processus de “l’agenda 2030” et faire des ODD une réalité

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Credit: ENDA

By Dr. Jean Philippe Thomas – Twitter: @endatiersmonde

Dr. Thomas est un économiste chargé du développement durable et des changements climatiques au sein du Secrétariat Exécutif du réseau ENDA Tiers Monde. Il participe activement à l’élaboration, le suivi et la mise en œuvre de l’agenda 2030 au sein du réseau ENDA

 Résumé

Basée sur l’expérience d’ENDA, l’opérationnalité de l’agenda 2030, des ODD et plus généralement du développement durable passe, à partir de l’existant, par l’apprentissage d’une démarche vers la durabilité du développement et, par la recherche de compromis (ou d’un contrat social) au niveau national et international. Ce fut une des erreurs des OMD de passer outre à ce préalable.

La valeur ajoutée des ODD ne sera matérialisée que si les ODD sont effectivement mis en œuvre

Il existe déjà tout un ensemble d’accords, de conventions, d’agréments, etc. au niveau international. Qu’est-ce qu’apporte en plus les ODD ? On sait que historiquement, les accords antérieurs, en particulier celui de Rio 92, se caractérise par leurs inachèvements, c’est d’ailleurs pourquoi le texte de Rio+20 reprend tous ces engagements et que, finalement, les nouveaux engagements sont très restreints. Ce qui signifie que les ODD (nouvel engagement) ont un rôle majeur à jouer à la seule condition qu’ils soient effectivement mis en œuvre. C’est le premier défi.

Partir de l’existant et de ses réalités

Les ODD, «universels» par définition dans le texte de Rio+20, vont s’appliquer à des pays qui ont des circonstances nationales et des préoccupations différentes. Faire éclore dans chaque pays ces différences, c’est mettre en place une démarche ou des procédures, qui, pas à pas, vont construire ce qu’on a coutume d’appeler une « économie ». C’est donc tout à la fois de l’expérimentation et de l’apprentissage qu’il faut développer. La manière de mettre en œuvre les ODD  l’emporte ici sur la substance elle-même.

 Construire le compromis

A priori, toute transformation n’est pas, par définition, favorable à tous les acteurs. Les antagonismes existants, les barrières et blocages aux transformations en sont la manifestation patente et faire croire systématiquement  au « win-win » à court terme est illusoire.

Si Rio 92 peut être considéré comme la «mise en politique» du développement durable, la «mise en économie» par les ODD  et leur gouvernance est génératrice de perdants (en particulier l’incertitude sur les gains peut être supérieure aux coûts de l’action).

Le passage au protagonisme est la démarche qui consiste, dans l’opérationnalisation du développement durable, à construire un compromis interne aux pays ou aux régions. C’est le «contrat social» évoqué précédemment qui posera alors le problème des «compensations», condition du «win-win» à long terme, c’est-à-dire dans le futur que nous voulons.

La nouvelle gouvernance du DD doit avoir comme objectif (c’est un défi) la cohérence des compromis internes aux pays et au niveau international.

Les compromis nationaux sont un préalable à l’existence d’un compromis international. En effet, une des causes de l’échec de la mise en œuvre de Rio 92 et des ODD est que la communauté internationale a prescrit ce qui est «bon» pour les autres (PED) sans s’appliquer «à soi» les mêmes règles.

 C’est une des chances de l’universalité des ODD. Leur opérationnalité doit également être universelle, ce qui impose la mise en cohérence des processus du niveau national au niveau international. C’est un défi pour les nouvelles institutions du développement durable (engagement de Rio+20) d’assurer cette cohérence dans la mise en œuvre.

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